Le café de l’art  

La fleur au bord du chemin

Ce qui impressionne le plus le nouveau client, c’est l’harmonie entre le parfum des fleurs, l’odeur du café et la vue des tableaux peints à l’huile qui tapissent les murs de ce petit espace dans lequel le patron peint pendant que sa femme s’occupe des fleurs.
 
 

Un tableau accroché sur le mur figure une personne profondément endormie dans la quiétude de l’espace. Ce tableau fait partie de la trilogie du café que le peintre, Monsieur Wu, a réalisée. Le bonheur resplendissant, chaud, plein, comme le parfum du café, déborde partout. Ce style est très apprécié par les clients. Ils ont demandé au maître de continuer à peindre ce genre de tableaux. Refus. Car pour Monsieur Wu, chaque tableau est le reflet d’un instant de sa vie, donc unique, et ne peut être répété.

Le passant non averti pourrait penser qu’il s’agit d’un café comme les autres. Mais s’il approche, il verra les tableaux de Monsieur Wu, dénotant plusieurs étapes distinctes. Rien ne prédisposait pourtant l’étudiant en pharmacologie et le commerçant à la peinture. Rien, jusqu’à ce qu’il tombe sous le choc d’un autoportrait.htm du peintre LUI Chi-Wei. Dès lors, il a décidé de se consacrer tout entier à la peinture. Depuis 10 ans, malgré les difficultés financières et les souffrances qui lui firent un jour briser son pinceau, il a continué à peindre, seul , sans maître. Dans le mélange subtil de la solitude de l’artiste et du soutien de sa femme, tout au long de sa recherche.

Madame WU, A-pan, soutient l’activité de peinture de son mari par le revenu d’un magasin de compositions florales.Les fleurs et le café sont les seuls revenus de la famille. Même si l’on y vient que pour un café, on est sûr de trouver la reconnaissance d’A-pan. Car avec ce que rapporte un café, elle pourra acheter un tube de peinture à son mari. Même, elle est plus triste que son mari quand un tableau est vendu. Aujourd’hui, le couple envisage de faire de leur café un lieu d’exposition pour les jeunes artistes, car ils connaissent bien les difficultés rencontrées par l’artiste inconnu en marche vers la reconnaissance.

Monsieur WU est un fervent admirateur du grand peintre ZENG Pei-Yau, qui a peint jusqu’à son dernier souffle. Ilsollicite en ce moment des aides afin que ses œuvres, reconnues comme des trésors nationaux, puissent être un jour exposées et rejoindre une collection nationale.

Les tableaux réalisés par ZENG dans les années 60, au style maîtrisé, témoignent de son esprit d’avant-garde et de sa pensée philosophique. Malheureusement, alors qu’il a travaillé toute sa vie sur ses œuvres, ce n’est que deux ans avant sa mort que les gens ont commencé à acheter ses tableaux. Après sa mort, ses œuvres sont restées anonymes, prisonnières d’une vieille maison à Taïwan, sans personne pour venir les apprécier.

Que les tableaux de ZENG Pei-Yau puissent être connus et appréciés, c’est devenu le plus grand rêve du couple WU et aussi de la fille de ZENG, artiste elle-aussi, ZENG Gan-Juan.